Distraite par les derniers pétales de cerisiers qui se laissent porter par le vent, elle observe leur chemin jusqu'à la chevelure des jeunes sorciers où ils s'éparpillent silencieusement. D'un geste délicat, la demoiselle de la lune extirpe discrètement les fleurs encore intactes des cheveux de deux de ses compagnons de fortune : l'ancien préfet et l'actuel préfet des Tsuchigumo. Pliant doucement ses genoux, elle vient tirer sur quelques tiges d'herbes qu'elle regroupe sur un pan de sa jupe ; et elle entoure finalement le dessous des fleurs pour en faire un petit bouquet.

Lorsqu'on parle du mont Fuji, on ne peut oublier sa déesse Sengen-sama, également connue sous le nom de Konohana Sakuya-hime. Paroles prononcées à la suite de ceux du préfet, elle revient à la hauteur de ses camarades et pose ses prunelles bleutées sur le bouquet de fleurs de cerisiers qu'elle fait danser entre ses doigts. Elle est la princesse des fleurs et son symbole est la fleur de cerisier. Son histoire nous rappelle que la vie est aussi délicate et éphémère qu'une fleur de cerisier et ô combien, nous sommes mortels. Une douce mélancolie naît dans son regard ; courte pensée pour sa tendre amie Sakura no sei qu'elle ne voit que très rarement. Le nez plongé dans le bouquet, elle hume la fragrance de ses fleurs et un sourire caché par les quelques pétales se dessine sur les lèvres de la jeune fille. La main soutenant l'ensemble des fleurs se tend vers le professeur de vol, alors qu'elle pointe finalement le lac de l'autre.

Avançons professeur, cherchons et étudions les traces de magie autour du lac. La discussion sera sans doute plus florissante en marchant et en découvrant de nouvelles merveilles, du moins si vous le voulez bien.

Elle se faufile en gracile jeune fille entre les herbes folles, et ses doigts caressent le printemps à chaque pas qu’elle fait en s’éloignant vers le bord du lac. Peut-être trouvera-t-elle une ou deux algues, différentes - espère-t-elle - du marimo que le professeur de vol a failli avaler.

Rares sont les journées d’études et elle préfère vagabonder autour des plantes à la recherche d’un ou deux nouveaux ingrédients pour sa collection personnelle. Et nombreuses sont les fleurs à cette période de l’année et même si elle ne trouve pas la plus belle des roses, c’est entre ses mains que reposent sa cueillette de la matinée qu’elle coupe soigneusement à l’aide d’un modeste ciseau. Le tout parfaitement joint ensemble, elle range précieusement les plantes dans une boîte à l’intérieur de son sac.

L’oreille attentive aux paroles de l’ancien préfet, c’est de nouveau un doux sourire qui s’étire sur ses lèvres. Le sisymbre est certainement l’une de ses plantes favorite dû à son lien avec la lune, et son coeur bondit de joie au nom de l’astre lunaire. Si seulement les sorties nocturnes pouvaient avoir lieu, cela la comblerait d’un bonheur immense.

Le moly est une plante puissante capable de neutraliser les enchantements lorsqu’on la mange. Elle est également utilisée en ingrédient de la potion Wiggenweld, l’antidote de la goutte du mort vivant. dit-elle en pointant les fleurs blanches reposant sur la tige noire à ses pieds.

Absorbée par la beauté de la flore environnante, ses épaules tressautent au chuchotement de Hayashi près d’elle. Les pupilles dirigées vers lui, c’est un doux rire qui s’échappe de ses lippes roses. Dites-vous ceci pour la couronne de fleurs du professeur Oikaze, cher Hayashi ? Cela dit merci, cher monsieur, pour ces compliments. Et elle fouille un instant dans sa poche, sortant une boîte de bonbons français qu’elle ouvre délicatement. Vous pouvez vous servir, ce ne sont pas les mêmes friandises qu’on trouve dans notre beau pays, mais je dois avouer que ces bonbons à la fleur de violette sont délicieux et peut-être un peu magique aussi. chuchote-t-elle sur la fin alors qu'un origami vient s'emmêler à l'intérieur de ses cheveux.