Sur le plan ridicule, l'arrivée de Seimei se comparait à celle de Marine Lepen au salon de l'agriculture.
Takeo - responsable professeur de botanique, lorsqu'il vit le chaos se déchaîner, fut prix d'une soudaine envie de commencer à fumer pour évacuer. Une bien piètre volonté si l'on sait que de toute sa vie, il avait toujours pris soin de son corps : du sport, bien que peu régulier, une alimentation partiellement équilibrée et enfin, le contact de la nature. Surtout la nature, d'ailleurs.

C'est cette dernière qu'il regretta le plus, quand la bataille éclata - ou, du moins, ce qui ressemblait à une mêlée aussi organisée qu'un combat de Yu-Gi-Oh DX.
Mes fleurs gémit-il à voix si basse qu'il l'avait peut-être juste pensé.
Sûrement, d'ailleurs - car il lui restait un peu de conscience professionnelle.
Les élèves. Les enfants.
Sans plus de doute, c'est tout ce qu'il avait fait : tandis que ses yeux brûlaient à la cire de l'indifférence, il réalisa combien cette distance qu'il imposait au monde n'en finissait pas de le sauver. Sans plus de sentiments, il s'était contenté d'observer pour quelques minutes, désolé quant à la vue de ce spectacle. La peur, si domaine. Peur, fuite, trahisons, mort, et Seimei avait disparu aussi vite qu'il était venu.

Takeo n'était pas un héros. Il le suivit du regard, les mains enfoncés dans les poches du manteau noir qui couvrait sa tenue pour l'occasion - mais il n'avait pas bougé.
Ni là, ni pour aucun autre de ces malades.
Qu'ils restent ici. Lui, il n'en avait que faire - et il n'en ferait rien.

Aussi brusquement que ça, Shion était tombée.
Takamori et Rajan, dans un duel sans fin - et le directeur se mêla aux hostilités.
Mais Takeo ne bougea pas.
Lui n'en avait que faire - mais il était lié par un contrat.

Un contrat différent, qui impliquait les plus jeunes.
Alors, Takeo s'était dédié à ses élèves. Il avait fait volte-face et prit aussitôt la direction du quai : organiser les quelques groupes, raisonner, guider, ramener ; et pour quelques uns, un sortilège pour les ramener à la raison.
Il n'était pas question d'en laisser derrière.

Pourtant, il courut tant qu'il vit, plus d'une fois, des corps inanimés - sans vie, parfois juste évanouis. Deux doigts sur le pouls, un regard qu'il ne pouvait se permettre de laisser attendrir - car les vivants avaient besoin de lui. Takeo avait été le premier adulte sur les quais, à rassurer les arrivants, les installer dans l'engin pour le départ. Un Expecto Patronum qu'il voulait préventif, qui s'avérait indispensable.
L'abeille virevoltait, réconfortait les plus abattus - et son pollen devenu argenté était comme une bénédiction.
Souvenirs heureux, espoir renaissant - et lui-même passa parmi les rangs, distribuant des couvertures, prit le temps de discuter. Takeo n'abandonnerait personne, et cette pensée parvint à en rassurer quelques uns. Il accueillit une préfète qui arrivait depuis son balai et attrapa délicatement le blessé qui gisait à l'arrière, pour le confier à son ami.

Natsuo. Celui-ci a besoin de ton attention immédiate.