Tout s’enchaîne et se déchaine et la tempête a sonné son glas et tout se casse la gueule et ça gueule, ça crie, ça court, accourt, tout le monde détale et voilà enfin arrivé la fin du monde qui rage contre l’ordre établi et personne, personne n’avait pu voir venir l’affaire qui vous a pourtant tous tourmenté. Même les feuilles de thé n’ont pas révélé le sinistre; même tes prières n’ont pas vendu leurs secrets, même tes supplices n’ont pas envisagé la suite à venir. Et si les groupes se séparent, tu sens le bois de ta baguette se tordre dans ta paume, tes yeux se changer en émeraude.

L’horreur à l’état brut.
Le mal enfin venu.
L’histoire à rattraper
à corriger.

La peur au ventre et la haine au coeur, tu t’agrèges au groupe des guerriers, enfin est venu le temps de combattre le passé, l’avenir. Et même si la mort argentée te rit à la gueule, tu lèves le bois; oh tu aimerais que la foudre te frappe, oh tu aimerais être le prisme de la colère divine, tu aimerais que les fantômes de tes ancêtres apparaissent pour vous guider.

Tes amis courent à l’arrière et tu couvres leur avancée.

Paie pour tes crimes. Seimei.

Les tambours résonnent dans ta poitrine, le souffle se coupe, s’ouvre, ta tête tourne et si tu avais soutenu ta moitié jusqu’ici, le monde s’écroule sur tes épaules et tes genoux flanchent face au spectacle apocalyptique qui se déroule; et tu affrontes les nouvelles comme un spectateur et si seulement, si seulement tu n’avais pas de coeur mais une pierre alors tout aurait été si simple, si simple et rien n’est bien compliqué quand on est déterminé mais es-tu déterminé Ryuu à faire quelque chose de ta vie maintenant que les ruines se dessinent devant tes pupilles ? Ta bouche s’ouvre et se ferme comme les poissons dans l’eau mais c’est pour trouver l’air tandis que tu te sens noyé dans la misère, la peur. La bille coulerait presque entre tes dents.

L’encens est tombé, sa fumée couvre tes pas. Tes doigts se lient aux siens, la soie si délicate pourtant, elle devrait sentir la glace de tes membres. Ton menton tremble, tes tympans sont saturés, tes pieds avance, ta main la tire, et la lumière irisée t’attire comme une mouche. Vous dépassez Takamori. Quelques mètres. Si proches. Tes yeux sont prêts à déborder. Tu n’as plus la force de lui tenir la main, tu n’as plus la force de tenir quoique ce soit; tu aimerais vivre, vivre, vivre toujours à ses côtés mais quoi lui promettre aujourd’hui si ce n’est de se sauver elle-même parce que, tu t’en rends bien compte aujourd’hui, que tu lui as toujours menti, tu n’as jamais su te protéger, comme la sauver ? La bouteille de saké se fracasse à tes pieds lorsque tu montes la première marche et ta main cherche désespérément sa baguette et lorsqu’elle touche le bois, tu te retournes vers soeur et cousin, à mi-chemin entre le chaos argenté et le chaos blanc; et honnêtement tu aurais aimé voir bleu et te fondre dans les eaux mais seule ta sueur qui perle doucement sur ton crâne glacé s’évapore dans l’air.

Tes ongles s’ancrent ta paume, sécuriser l’arme, verrouiller. Tu montes une autre marche, la tête tourne et oh seigneur. Ton sang se glace. Et tu aimerais savoir tant de chose, tu aimerais être sûr de toi et pourtant, pourtant, tu restes sur tes marches entre les deux.

« Si je te jure allégeance, la laisseras-tu vivre sans blessure ? » dis-tu tout bas vers le démon argenté. « Laisseras-tu Eirin vivre ? » Tes yeux dérivent sur le directeur, puis ton cousin, puis ta soeur. « Promets le moi, et tu auras le plus fidèle des disciples. » conclues-tu. La gorge sèche et le coeur lourd.

Résumé : Ryuu hésite. Veux protéger Eirin.