La douce voix teintait à ses oreilles comme survenue d'une autre époque et, résonnant dans le silence respectueux d'une affiliation à la noblesse sans pareille, captait l'attention de tous les partisans présents. Pour un Kohaku lié par naissance comme par serment à une cause au sujet de laquelle le doute n'avait pas même effleuré son esprit, la colère sous-jacente d'un bras droit sévère ne le dérouta des moindres : assis non loin de l'acteur de cette réunion soudaine, le sang-pur n'avait pas répondu à pareille convocation pour tourner ses convictions en ridicule—loin s'en faut.

L'antique amitié qui liait Asanaga Sugawara à Kohaku suffisait à leur valoir une confiance aveugle et mutuelle, bien qu'ils ne se soient pas tellement fréquentés : les deux familles suivaient des pensées si similaires que l'entente ne faisait généralement pas du moindre doute.

Soyez assurés, Sugawara-san, de mon éternel soutien à sa Majesté, tout comme celui de ma famille.

La remarque s'imposa comme un épiphonème qui se suffisait à lui-même, témoignant de la profondeur de leur histoire commune. Sugawara et Tsugikuni. Asanaga et Kohaku. La différence d'âge n'alternait pas l'absolue ressemblance de leurs convictions et, parcourant les visages de l'assemblée en attente de leur réponse, le calligraphie ajouta une remarque supplémentaire.

Quant à cette clé pour vaincre Orochi, je ne vois qu'un artefact à même de correspondre à cette définition, mais je ne saurai nous aiguiller davantage. Cette spécialité relève des Awataguchi.

Le domaine resplendissait toujours en automne, à l’aube de l’hiver lorsque les brises soufflaient aux arbres la danse nuptiale d’un adieu, celui des feuilles mais la passion des corps et des branches dénudées. Cette saison avait la sensualité du nu et par la fraîcheur de son temps, invitait par la même à se réchauffer, à se lover à l’intérieur des demeures et des bras. Et qu’il était bon de respirer, sentir l’air traverser la trachée et les bronches pour se faufiler jusqu’aux poumons, et l’on était alors traversé par le souffle de la Nature. J’aurais aimé apprécier cette époque mais les menaces troublaient l’ordre et l’équilibre.

Je me réjouissais cependant qu’au cri du chef, la meute s’était réunie. Nous étions nombreux. L’odeur de guerre grondait, je n’avais pas envie de croiser le fer et pourtant, cette affaire ne semblait pas vouloir se dénouer avec des doigts. Sugawara à la hâte n’était pas signe de bon présage. Aussi, après avoir accueilli nos alliés, je me suis installé en fond de salle pour écouter. Peut-être était-ce là une déformation professionnelle dit-on, mais je crois qu’il était bon pour l’émulation de l’assemblée, d’avoir la tête neutre alors, j’écoute et me tais. L’intonation des voix décidées gonflent les silences d’une solennité touchante et j’adresse mes prières à toutes les familles présentes. J’avais honte d’appartenir à un système judiciaire corrompu, j’avais honte de n’avoir rien vu, senti, anticipé, j’avais honte de ces corps pendus et de ces pieds balancés. Qu’était devenue la Justice ? La nouvelle arme meurtrière du Ministère ? Ces collègues en qui je planais ma confiance ne sont en réalité que des mensongers dont les messages sucent le sang et laissent des cadavres, quels serpents venimeux, quels poisons vont-il inventer pour remodeler l’histoire ? J’avais peur, pour la première fois, du monde magique. Et si l’offensive résonnait dans la pièce, elle n’était que le résultat d’une injustice. Est-ce que si j’avais été impliqué dans l’affaire, aurais-je pu servir la vérité ? Aurais-je pu sauver des vies innocentes, épargné des enfants ? La culpabilité de mon poste pèse sur mes épaules. Et il est si dur de fouler le tribunal sans être taché de sang.

Lorsque l’assemblée fait silence :

« Je vous remercie à tous et à toutes d’être venu/e/s aussi nombreux et nombreuses, d’être resté/e/s également. Je ne parlerai pas, vous le comprendrez, au nom du département de la Justice qui est apparu sous de tristes et inquiétantes figures. Je ne sais encore à l’heure actuelle, qui n’est pas faussaire. Néanmoins, j’attire votre attention sur la mise en scène du Ministère. Il me semble qu’un jeune Fujiwara a été dupé par cette dernière, et s’il a été le seul à s’exprimer vigoureusement en faveur des décisions horribles et injustes, qui sait quel autre enfant sera tenté de croire en une version officielle bien que mensongère. Je vous demanderais, si vous me le permettez, de prier pour l’âme innocente de nos descendances magiques. Cher.e.s professeurs, prenez-soin de vos élèves. »

Mon dos se courbe en une révérence, gratifiante de leur écoute. Après avoir confié mes doutes, je reprends pour conclure : « Pour résumer les faits : Oroshi et Seimei sont de retour, prétendument Seimei se dresse face à la menace d’Oroshi, tandis que le Ministère nie son existence et positionne Seimei comme être destructeur, pour preuve le procès. Quel est le lien entre Oroshi et Seimei ? »

Une autre rondeur plie mes vertèbres et je laisse notre chef guider nos pas. Je m’en remets à vous, j’ai fini ma prévention.


hrp : Shinume demande une extrême prudence des acteurs auprès des enfants afin d’éviter que leur crédulité ne les oriente vers de mauvaises fois, exprime sa tristesse face à la corruption du ministère; expose des faits pour repartir sur des bases claires.

Les orages se réunissent; il y a dans le ciel, quelque chose d’amer qui rappelle les mauvais souvenirs ou le passé. Quelque chose qu’Hiiro avait choisi de taire et de renier. Il était trop tard, maintenant que le danger s’entendait, pour fermer les yeux sur ce qui le rattrapait. Il avait hésité à venir, se sentant comme un oiseau prisonnier, voué à la vente de son être mais il avait trop fui sa propre nature pour prétendre n’être qu’un moineau, alors qu’il était une grue, un des piliers du monde magique.

C’est avec une mine basse qu’il est entré dans le sublime domaine qui l’aurait tant émerveillé mais aujourd’hui, le professeur de vol endosse un rôle tout particulier. Il s’installa parmi les fidèles, sentant poindre un air de communauté qui aurait du le réconforter en tant usuel, mais qui l’intimide maintenant. Etrangement, Hiiro Oikaze était calme et déterminé, peut-être résigné. Néanmoins poli, il s’inclina face à l’assemblée avant d’écouter ses compagnons (seront-ils les derniers ?). Les mots, même des plus jeunes, lui faisaient peur. Il exécrait les conflits tout autant qu’il était terrifié des combats, par parce qu’il se sentait inférieur, mais parce qu’il craignait les conséquences; il avait peur des pleurs et des morts; il savait pourtant qu’ils étaient inévitables, nécessaires parfois. Tous avaient l’air belliqueux et instruits, étais-tu donc le seul à te sentir, parfois, paralysé ? Entouré de puissances militaires, quelle était donc sa valeur ?
Sugawara-sama, faites revenir le calme, s’il vous plaît.

Les nouvelles sont accablantes, deux épées légendaires, deux entités et un Ministère corrompu; le verdict était terrifiant. Pourtant, à son tour de parler, le professeur s’incline, front bien bas. « Le clan Oikaze réitère son engagement auprès de Sa Majesté l’Empereur et mettra à disposition toutes ses ressources. Même s’il y a peu de chance qu’il renouvelle son erreur, la production de saké est doublée. »

Hiiro se redresse doucement. Les nouvelles allaient vites dans le pays. Et quoiqu’on en dise, tout n’était qu’affaire de position.

Hrp : Hiiro n’apporte pas grand chose, sinon une nouvelle surprenante.

Il a été dit, répété, martelé dans la tête des sorciers qu’un nouveau soleil brillerait dans le ciel. Mais ces menaces n’avaient pas vu venir le plus beau des soleils, celui de l’espoir et de la lutte, celui, souverain, qui animait à l’unisson des croyances. Un jeune astre venait de se révéler aujourd’hui, si beau paré de sa crinière rouge, petit être qui assurait fierté et accomplissement auprès du professeur de vol. N’avaient-ils pas, à Mahoutokoro, les plus beaux soleils pour l’avenir ?

Ce n’est qu’après la bravoure de la jeune araignée qu’Hiiro encore une fois s’incline. « Seigneur Sugawara, permettez-moi d’offrir ma contribution en allant à la rencontre du yokai Kanko. Avez-vous des questions particulières ?. » demande-t-il à l'assemblée.

Les Oikaze n’avaient pas l’avantage de la situation, seul représentant en la figure du professeur de vol, il lui avait été demandé de renforcer leur présence mais, tout ce qui lui importait au jeune acrobate, était la sécurité de ses bien-aimés. N’osant laisser la tâche à autre plus jeune, supposant la charge de travail immense des autres professeurs plus compétents et importants; Hiiro était le parfait élément pour obtenir réponse. N’avait-il pas déjà réussi à délier les langues des plus silencieux à Mahoutokoro ? N’avait-il pas la patience tenace pour écouter les plus récalcitrants ? N’avait-il pas tout son temps, lui jeune homme célibataire sans famille, sans enfant, sans tendre moitié ?

« Et je me permets d'ajouter, que la peur ressentie s'évapore lors des discussions en groupe. Puis-je vous demander à tous et toutes de rester soudé/e/s les uns les autres et de réitérer ce genre de réunions ? Si Kanko révèle des secrets, je m'empresserais de vous tenir informés. »

hrp : Hiiro est super fier de xue et se propose pour aller interroger Kanko. Demande aux Gyokuji d'être soudés.